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Articles

Affichage des articles du décembre, 2017

Des écureuils et des poissons

J'ai donc passé une expertise psychologique. Je n'ai pas encore le compte-rendu, mais l'experte a tenu à m'expliquer quelques petites choses. D'un strict point de vue judiciaire, évidemment, je ne vais pas m'étaler. Juste dire que je n'ai pas de propension au mensonge, que je ne suis pas psychotique, pas d'hallucination, de délire et donc que je suis parfaitement crédible. Mais surtout, elle m'a expliqué comment fonctionne le refoulement et c'est là que ça devient intéressant pour ce blog. D'après ce que j'ai compris, au moment de mon traumatisme, mon esprit, pour se défendre, a créé une sorte de dissociation. Ce qui explique pourquoi encore aujourd'hui, je n'arrive pas à pleinement réaliser, à associer les faits avec mon ressenti. Intellectuellement, je comprends ce qui s'est passé et la gravité et évidemment je ressens une intense émotion quand je dois les expliquer, mais aussi bizarre que ça puisse sembl...

Ingérable...

(Écrit le 14/12/17) L'enquête sur le type qui m'a tripoté quand j'étais au collège a démarré. Et c'est éprouvant. Très éprouvant. La confrontation, en particulier, m'a sacrément affectée. Je voulais mettre de côté mes interrogations sur mon genre. Mais c'est doublement impossible. Déjà, dans mon esprit, les deux sont liés. Il y a 13 ans, au moment où ces souvenirs pourris ont émergé de mon subconscient après une douzaine d'années de refoulement, voici ce que j'écrivais: "On se déteste. On déteste son corps. On déteste son sexe. A défaut de pouvoir le détester, 'lui'." A l'époque, je n'avais jamais entendu parler de dysphorie de genre. Je ne voulais pas m'intéresser à la transidentité. Et pourtant, je ne parlais que de ça. Sans en avoir conscience. En rejettant cette conscience. Quand j'ai retrouvé cet extrait, je me suis dit "voilà un élément de preuve". Et peu après... "Bon ben je...

La trahison...

(Écrit le 18/11/17) Parmi mes bloquages, il y a clairement celui-ci qui figure en bonne place: le sentiment de trahir tout ceux qui me connaissent. A commencer par... moi. Une vingtaine d'années à jouer un rôle, à me faire violence, en permanence, à me persuader que je suis un homme, à chaque seconde, à me dire "non, ça t'as pas le droit. Ca, tu dois le faire. Non, ne pleure pas..." Dans le contrôle, toujours. Incapable de me relaxer et donc souffrant d'insomnies... Et tout ça... pour ça. Pour jeter tout ça à la poubelle en crachant dessus à 38 ans. Merde! Sans compter que du coup aujourd'hui, je suis perdue. Il faut démolir tout ça, pour reconstruire autre chose, ce que je suis vraiment. Et bien sûr, parents, amis, collègues, fréquentations... "Ouais, ben en fait, il se trouve que je suis une femme. Voilà, voilà. Hein? Non, depuis toujours, en fait. Bah je m'en suis rendu compte... Enfin, c'est surtout que j'ai ar...

Mais pourquoi?

(Écrit le 15/11/17) Je suis viscéralement rationnelle. Pragmatique. J'aime bien la logique. Ayant pendant longtemps été submergée par des émotions négatives, dans un monde qui tolère très difficilement la faiblesse, je me suis raccroché à ça, pour ne pas mourir. Et là, je suis face à quelque chose que je ne comprends pas. Certes, il y a pas mal de choses qui ne peuvent se comprendre. Les goûts, les couleurs, l'amour... Mais ce qu'on ne comprend pas nous fait peur. Plus ou moins. Et là, si on part du principe (avéré) qu'il n'existe pas de définition fiable d'un homme ou d'une femme, qu'on peut être intergenre, hermaphrodite, sans genre, une femme avec un corps d'homme, l'inverse... Autant dire que le genre n'est... qu'une illusion. Culturelle, sociale. Donc... pourquoi vouloir se métamorphoser? Pourquoi ne pas simplement se dire "Femme ou homme, c'est qu'un mot. Si je veux mettre des vêtement...

Mon ressenti

(Écrit le 05/11/17) Je retiens également de mes échanges et de ce que j'ai pu lire que, dans le fond, ce qui compte c'est ce qu'on ressent. Quand on m'a posé la question sur ce que je ressens quand je porte des vêtements féminins, ma réponse a été "j'en sais rien, c'est compliqué. Je ne peux pas répondre à cette question." Et effectivement, répondre à cette question à brûle pourpoint, dans le cadre d'un échange oral est compliqué. Parce qu'on a en tête le jugement que cette personne va poser sur nous (même si dans ce cas, c'était relativement absurde), parce qu'on ne s'est jamais posé cette question, parce qu'il y a la honte, parce qu'on a peur de ce que va impliquer cette réponse (le déni)... Mais avec du recul, face à soi-même, ce n'est pas si difficile. Est-ce que je me sens "moi-même" dans ces vêtements? Oui et non. Ce ne sont que des vêtements, une apparence. Est-ce que je me...

Trans et transphobe à la fois

(Écrit le 01/11/17) Il n'est pas rare que des homophobes soient en fait des homosexuels refoulés. Il n'y a pas de raison que ce soit différent pour la transidentité. Et il semblerait que je sois dans ce cas. Aujourd'hui, j'ai discuté en visio avec une psy qui est aussi trans. Il en ressort que j'ai effectivement de fortes chances d'être transidentitaire. Ce qui n'est jamais une bonne nouvelle, mais en même temps je ne m'attendais pas vraiment à autre chose. Mais il y a les transidentitaires qui le savent dès leur plus jeune âge et ceux qui le découvrent plus tard. Dans mon cas, le milieu ouvrier/rural dans lequel j'ai évolué, les religions, l'image des trans véhiculée dans les médias et sans doute d'autres choses ont fait que j'ai toujours rejeté/refoulé ma transidentité. Aucune envie d'être ça. Alors, j'ai posé des verrous pour enfermer la femme au plus profond de moi. En la laissant néanmoins sortir de te...

Suivi(e) par un collectif et nouvelles questions

(Écrit le 25/10/17) Lundi, j'ai vu ce fameux généraliste paradoxalement spécialisé dans la question transidentitaire (oui, il trouve que le mot "transgenre" est inapproprié et je suis assez d'accord avec lui). Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. J'imaginais... une simple discussion et sans doute quelques adresses. Je ne savais pas qui il était, ce qu'il faisait et ce qu'il pouvait m'apporter. Et il y a effectivement eu ça, et aussi le début d'un accompagnement. Parce qu'il fait partie d'un collectif qui me semble assez complet et qui travaille sur la question depuis une dizaine d'années. Première étape: m'aider à répondre à LA question, à laquelle personne d'autre que moi ne peut répondre. Suis-je une femme dans un corps d'homme ou un homme aux pratiques sexuelles à la fois farfelues et respectables? Pour ça, je vais rencontrer et discuter avec des dames qui ont déjà fait la transiti...

Et vous êtes attiré(e) par les hommes?

(Écrit le 15/10/17) Ce n'est pas la première fois que mon psy me pose cette question. La fois précédente, la question transgenre n'avait pas été posée. Donc le contexte est aujourd'hui différent, et il est légitime de la reposer. Légitime et pertinent, parce que c'est un peu le noeud du problème. Après tout, si j'étais dans une relation épanouie, autant au quotidien qu'au niveau sexuel, pourquoi se prendre la tête? Pourquoi risquer de tout foutre en l'air? Mais ce n'est pas le cas, et ça ne l'a jamais été. Même s'il y en a eu une qui avait très bien fonctionné, pendant un temps. Ma réponse n'a néanmoins pas changé: je ne m'imagine pas avec un homme. J'ai juste ajouté une nuance: "dans ce corps". Pour développer un peu, les hommes homosexuels sont attirés par les hommes, pas par les transgenres, pas par une femme dans un corps d'homme, pas par les travestis, pas par des transexuels devenus femm...

Ce que j'ai peur de perdre

(Ecrit le 05/10/17) Aujourd'hui, j'ai pris rendez-vous avec un médecin généraliste, néanmoins spécialisé dans la question transgenre, comme me l'avait recommandé mon psychiatre. "Ha? C'est pour une transition?", m'a demandé la secrétaire. Wow hey! J'ai pas pris cette décision, moi, encore! Je veux juste un maximum d'infos pour pouvoir la prendre, justement. Il a suffi d'un seul mot pour mettre mon cerveau en ébulition. Pour me projeter, comme si j'allais sortir de là avec une paire de nichons et le service trois pièces dans un Tuperware. Et donc pour m'amener à m'imaginer la vie sans cette quinzaine de centimètres. Et donc mesurer le courage nécessaire pour prendre une telle décision. Parce que... ce truc fait partie de mon histoire, de mon identité, que je le veuille ou non. Je me suis construit autour de ça, en mettant "le reste" de côté, sous le tapis. J'ai pris du plaisir avec ce truc, et ...

Trouver un équilibre

(Écrit le 04/10/17) Dans quelques temps, j'écrirai, sans doute, des articles un peu moins sombres. Mais pour le moment, je suis dans un épais brouillard, et donc dans les ténèbres. Je commence à me faire à l'idée d'être transgenre. Mais il y a toujours des résistances. Ce serait tellement plus simple, si j'étais en accord, en harmonie avec mon corps. Si j'étais un homme, à l'extérieur comme à l'intérieur et si possible hétéro. Pas de prise de tête, pas d'angoisse d'être rejeté, moqué. Une vie "normale". Simple. Mais apparemment, il n'existe pas de thérapie pour "corriger" ce sentiment d'être une femme. Parce que ce n'est pas une maladie, pas plus que l'homosexualité. Ce qui me tiraille ce sont les miroirs. Toujours. J'ai tendance à penser que ce qu'on peut voir, toucher, c'est la réalité. L'esprit, lui, peut se tromper. Les sentiments peuvent être trom...

Les éléments déclencheurs

(Écrit le 25/09/17) Pourquoi sortir de mon déni à 38 ans? Pourquoi pas avant? Pourquoi pas après? Pourquoi pas jamais? J'ai suivi un cheminement, qui me semble assez logique. Il faut comprendre, pour commencer, que ces interrogations me hantent depuis longtemps et que parfois elles tentaient de s'exprimer. Depuis longtemps, j'avais envie d'écrire une histoire d'hommes qui se transforment en femmes, mais je réprimais cette envie. Pour une raison simple: j'avais peur des conséquences psychologiques d'écrire une telle histoire. Que mon désir d'être femme me submerge. Evidemment, quand j'étais dans une relation sérieuse, je repoussais d'autant plus ces interrogations. Je pense donc qu'inconsciemment, elles me poussaient à l'échec. En 2012, j'ai décidé de rester seul(e), après un nouvel échec cuisant. Ca a duré jusque 2016 et ça m'a permis de me retaper, de faire le point, mais pas sur ce sujet. En 2016, j'...

Ma "dysphorie de genre"

(Écrit le 24/09/17) Comme je l'ai dit, je ne suis pas psy ou médecin ou encore spécialiste du sujet. C'est pourquoi je préfère mettre des guillemets. Il est possible que ce dont je vais parler ne soit pas à proprement parler une dysphorie de genre, mais il fallait bien que je colle des mots à ce que je ressens. Il s'agit d'une souffrance née d'un conflit qui remonte à l'adolescence. Une souffrance jusque-là essentiellement latente, beaucoup moins, bien sûr depuis que j'ai décidé de l'affronter. Elle était latente parce que je passais mon temps à la fuir, ce qui ne l'empêchait pas de s'exprimer et même d'exploser assez souvent. Pour être précis(e), elle remonte à ma découverte de la sexualité. Avant ça, à vrai dire, fille ou garçon, je m'en foutais un peu. On me répétait en permanence que j'étais un garçon, comme en attestait mon anatomie, et on m'expliquait comment je devais me comporter et cela me conv...

Qu'est-ce qu'être une femme?

(Écrit le 22/09/17) [MàJ du 2 avril 2023: Je me rends compte, en me relisant aujourd'hui, qu'au moment où je commençais à m'interroger de façon sérieuse sur ma transidentité, mon discours était clairement celui d'une terf, d'une "femelliste". Parce que, comme beaucoup d'entre nous, je n'étais pas du tout informée sur le sujet et je n'avais pas les outils pour me comprendre moi-même. Et j'en viens donc à me dire que ces discours terf doivent être terriblement efficaces sur les nombreuses personnes transgenres qui sont passées par cette même phase. Par "terriblement efficaces", j'entends pour nous pousser à nous détester voire à des extrémités plus définitives. Aujourd'hui, j'ai compris que le corps n'est qu'un paramètre parmi d'autres pour définir où on se trouve sur le spectre masculin-féminin. À l'époque, je pensais encore de façon binaire, alors que les réalités biologiques et sociales sont nuanc...