(Écrit le 14/12/17)
L'enquête sur le type qui m'a tripoté
quand j'étais au collège a démarré. Et c'est éprouvant. Très éprouvant.
La confrontation, en particulier, m'a sacrément affectée.
Je voulais mettre de côté mes interrogations sur mon genre. Mais c'est doublement impossible.
Déjà, dans mon esprit, les deux sont
liés. Il y a 13 ans, au moment où ces souvenirs pourris ont émergé de
mon subconscient après une douzaine d'années de refoulement, voici ce
que j'écrivais: "On se déteste. On déteste son corps. On déteste son
sexe. A défaut de pouvoir le détester, 'lui'." A l'époque, je n'avais
jamais entendu parler de dysphorie de genre. Je ne voulais pas
m'intéresser à la transidentité. Et pourtant, je ne parlais que de ça.
Sans en avoir conscience. En rejettant cette conscience.
Quand j'ai retrouvé cet extrait, je me
suis dit "voilà un élément de preuve". Et peu après... "Bon ben je crois
que c'est clair, je suis trans... Il n'y a plus de doute à avoir." J'ai
parcouru la suite, d'autres textes, en diagonales, parce que j'avais
déjà le bourdon, et à quasiment à chaque page, ce constat: ce corps,
cette identité me rendent malade. Et pas qu'un peu.
Après, même si je lie les deux, il est
impossible de savoir si cette agression est la cause de ma
transidentité, un simple révélateur, ou si ça n'a aucun lien. Dans le
fond, qu'importe? C'est comme ça, il faut que je fasse avec.
Ce qui amène à la deuxième raison qui
m'empêche de mettre mes interrogations sur le côté: je suis déjà allée
trop loin. Je ne peux plus faire marche arrière. Laisser mes poils
repousser? Bwerk. Couper mes cheveux? Ca me déprimerait.
Je suis dans l'inconfort total. Je ne
peux pas faire marche arrière, ça bloque. Je ne peux pas non plus rester
dans cet entre deux, ça ne me convient pas beaucoup plus et... je ne
peux pas avancer plus vite. Certains de mes proches se prennent déjà une
claque dans la tronche avec l'enquête, je vais ptête attendre un peu
avant de leur parler de ça...
Donc je vous cache pas que ça fait un
peu beaucoup à encaisser là. Mes nuits sont courtes, tourmentées et mon
sommeil ne répare rien. Je suis épuisée et tendue.
Mais je sais que dans quelques semaines ou quelques mois, je serai sortie de tout ça, bien plus forte que je ne l'ai jamais été.
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