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Les éléments déclencheurs

(Écrit le 25/09/17)

Pourquoi sortir de mon déni à 38 ans? Pourquoi pas avant? Pourquoi pas après? Pourquoi pas jamais?

J'ai suivi un cheminement, qui me semble assez logique. Il faut comprendre, pour commencer, que ces interrogations me hantent depuis longtemps et que parfois elles tentaient de s'exprimer. Depuis longtemps, j'avais envie d'écrire une histoire d'hommes qui se transforment en femmes, mais je réprimais cette envie. Pour une raison simple: j'avais peur des conséquences psychologiques d'écrire une telle histoire. Que mon désir d'être femme me submerge.

Evidemment, quand j'étais dans une relation sérieuse, je repoussais d'autant plus ces interrogations. Je pense donc qu'inconsciemment, elles me poussaient à l'échec. En 2012, j'ai décidé de rester seul(e), après un nouvel échec cuisant. Ca a duré jusque 2016 et ça m'a permis de me retaper, de faire le point, mais pas sur ce sujet. En 2016, j'ai encore vécu deux relations encore plus foireuses que les autres. C'est là que j'ai commencé à me demander sérieusement ce qui merde chez moi pour toujours répéter ces mêmes erreurs. La malchance, je n'y croyais plus.

Quelques années avant ça, j'étais tombé(e) par hasard sur les dessins animés d'un jeune homme qui se faisait appeler Saphire Fox. Avec un certain talent, il mettait en scène des hommes qui se transformaient en femmes grâce à une sorte de renard magique. Forcément, cela faisait écho à ma situation et j'ai suivi ses oeuvres avec assiduité. Jusqu'à ce qu'il laisse un message, pour expliquer qu'il est transgenre et qu'il a décidé d'entamer une transition. Cela m'a fait peur, j'ai arrêté de le suivre et je suis retourné dans mon déni.

En 2016, j'ai déménagé. Je me suis trouvé dans une situation à peu près stable. Alors je me suis dit que c'était le moment d'affronter la réalité, de trouver ce qui m'empêche de m'épanouir. Début 2017, j'ai déposé plainte contre mes deux agresseurs sexuels, malgré la prescription. Parce que je vivais avec l'idée que peut-être ils avaient commis et risquaient de commettre d'autres agressions, mais je pensais aussi qu'il était trop tard pour déposer plainte, que ça ne servirait à rien. Ce qui est faux, pour ce type de faits, ce n'est jamais inutile. Les enquêteurs peuvent s'en servir pour les identifier et les traduire en justice pour d'autres faits.

Ce double dépôt de plaintes a remué beaucoup de choses en moi. Je suis passé du statut de victime honteuse et passive, au statut d'acteur combatif (d'actrice combative). J'ai désormais une meilleure image de moi, même si bien sûr cela s'accompagne de beaucoup de souffrance et de peur.

J'ai commencé à écrire ce roman qui me terrifiait il y a encore peu. Et là j'ai compris que je pouvais et devais affronter ce "démon" qui me pourrit la vie depuis tant d'années.

Il me semble aussi important de souligner le rôle du parti socialiste, des médias et de certaines personnalités. Saphire Fox, Chelsea Manning, Caitlyn Jenner, les absurdes polémiques sur la "théorie du genre", avec Alain Soral, Dieudonné, Christine Boutin et la "Manif pour tous". La profonde connerie haineuse de ces derniers m'a motivé(e) à m'interroger sur la profondeur de leur connerie. J'ai l'impression que je suis encore loin d'en trouver la limite. Les premiers m'ont informé(e) sur l'existence du transgendérisme, qu'il existe des solutions et qu'on n'est pas plongé en enfer, même quand on l'annonce au monde. Qu'il existe quantité de gens qui n'y voient rien de maléfique, de néfaste. Tous m'ont donc aidé(e), même si pour certains c'était bien malgré eux, en mettant le sujet en lumière, pour le railler, le dénoncer etc Merci, donc, aux gens intelligents comme aux cons, de m'avoir guidé(e).

(bon, par contre, pour ce qui est du PS, le mariage pour tous, c'est très bien mais sans le mot "mariage" ça aurait été bien mieux et à peu près tout le reste, niveau économique en particulier, c'était catastrophique. Pour ce qui est des transgenres/transexuels, ils ont fait avancer le débat, ce qui est très bien, mais il y a encore du boulot. Je précise pour ne pas être accusé(e) de propagande: je ne roule clairement pas pour eux et ce n'est pas demain la veille...)

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