J'avais dit que je le ferais (il y a un moment), dont acte.
Des propos transphobes, j'en lis, très souvent, beaucoup trop souvent. Je ne suis pas sûre d'en avoir déjà entendu, mais sur Internet, évidemment, on se lâche. Et au vu de ma situation, ils me touchent, ils me heurtent, m'agacent, m'énervent, me blessent.
Ils rappellent à quel point l'humanité peut être stupide. Et ce rappel n'a vraiment rien de nécessaire.
MàJ du 27 février 2021: un collectif a fait ce regroupement de façon plus intelligente, sérieuse et rigoureuse que moi alors je vous invite plutôt à vous rendre à cette adresse.
1. "Si tout le monde devient trans, l'humanité va s'éteindre puisque plus personne ne pourra faire d'enfants."
A tout monseigneur, tout honneur, je commence par le Vatican. Et par le plus stupide de tous ces "arguments". Stupide, parce que la transidentité n'a jamais concerné qu'une toute petite minorité de personnes. Que ce n'est pas un choix, encore moins une mode, c'est comme ça, ça nous tombe dessus et on s'en passerait bien. Et ce n'est pas contagieux. Du tout. Stupide aussi parce que l'humanité est en train de s'éteindre... à cause de sa fertilité. On est déjà beaucoup trop nombreux. Alors condamner la transidentité, l'homosexualité, l'IVG et la contraception, c'est stupide. Vraiment.
2. "C'est contre nature!"
Celui-là, c'est le grand classique. Si encore, il venait de gens qui vivent comme des animaux, dans une grotte, nus, laissant libre court à leurs pulsions sauvages... Mais non, ça vient de gens qui écrivent ça sur Internet, depuis leur ordinateur ou leur smartphone bien naturels, devant leur télé, sur leur canapé, après avoir pris un petit Doliprane ou un petit Ibuprophène, dans leur vêtements synthétiques. Et souvent, ils sont catholiques, ou musulmans, ce qui rend la chose d'autant plus drôle parce que quoi de moins naturel que la religion? Vous avez déjà vu des animaux se marier, prier, construire des édifices en l'honneur de dieux, retenir leurs pulsions dans l'espoir d'aller au paradis? Moi, non. Des plantes et des minéraux non plus. La circoncision, c'est pas naturel, hein? Alors que la pédophilie, la violence... ça peut se discuter, de savoir si c'est naturel ou pas. Le cancer, les maladies, c'est naturel, et pourtant... vous luttez contre, non? Argument stupide, donc.
3. "La religion l'interdit!"
Alors, déjà, il n'y a pas une religion, il y en a plusieurs. Il y en a même beaucoup, si on compte les multiples courants: protestants, chrétiens, chiites, sunnites... Ce qui, à mon sens, impose une certaine humilité. Ca fait des milliers d'années que des millions de personnes essaient de déterminer quelle religion est LA religion. Et le résultat, c'est que ça n'a jamais cessé de se diviser. Elles évoluent, les religions. Aujourd'hui, par exemple, on ne brûle plus les sorcières présumées. On ne considère plus les roux ou les gauchers comme diaboliques... Ou que la terre est plate. Hormis quelques fous furieux, certes. Donc... ça me semble dangereux d'avoir un avis tranché, et très orgueilleux, ce qui est unanimement interdit par toutes les religions, pour le coup.
Et pour le cas précis de la transidentité... j'ai bien lu et la Bible et le Coran, et je n'ai rien vu qui y fait CLAIREMENT référence. On est dans l'interprétation. On essaie de deviner ce qu'en penserait dieu à partir de ce qu'il a pu dire sur d'autres sujets.
Et puis il y a Mathieu qui dit ceci: "si
ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et
jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes
membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la
géhenne. Et
si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et
jette-la loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes
membres périsse, et que ton corps entier n'aille pas dans la géhenne."
Perso, c'est très précisément ce que je suis en train de faire: mes attributs masculins me rendent malade, déprimé. La déprime, la souffrance, c'est le meilleure chemin vers le vice, les addictions, le suicide évidemment... Donc, j'essaie de sauver mon esprit, sinon mon âme. Mais, là aussi, on est dans l'interprétation... Comme quoi!
Et justement! Ce que j'ai retenu de mes lectures et de mes très nombreuses conversations sur les religions, c'est que... l'enveloppe charnelle importe peu. Ce qui compte ce sont les pensées, les paroles, les actes. C'est pas pour rien que de nombreuses religions ont brûlé, torturé, écartelé, mutilé (et ça se fait encore!) des hommes, des femmes, jugés impurs, dans l'idée de les purifier et ainsi... de leur ouvrir les portes du paradis. Et puis, la circoncision... Alors, non, je ne vois pas quelle religion l'interdit et encore moins pourquoi elle le ferait.
De toute façon, chacun a la sienne... et doit respecter celle de l'autre, tout comme son absence de religion. En supposant que dieu existe, il fera le tri lui-même.
4. "Ouais, toi t'es une femme et moi je suis une licorne!"
Alors là, je vais sans doute vous surprendre, mais... la remarque n'est pas totalement stupide. Effectivement, le langage est une question de conventions. On s'accorde, dans un groupe d'individus donné, sur les mots qu'on emploie et sur leurs définitions. C'est comme ça que ça marche et ça ne peut pas marcher autrement. Ce qui signifie qu'on peut très bien s'autodéfinir, qu'on peut choisir le mot dont on veut être affublé mais... on ne peut pas l'imposer au reste du groupe si le reste du groupe n'est pas d'accord. Rien de plus démocratique que le langage... En clair, je ne peux pas imposer aux autres de me considérer comme une femme s'ils me voient comme un homme. De la même façon que je ne peux pas leur imposer de considérer que ma table est une chaise si elle correspond à la définition d'une table.
Donc le problème c'est soit le mot, soit la définition. On pourrait élargir un peu la définition de l'homme et de la femme, mais pour ça, il faudrait un consensus, ce qui risque de ne pas être simple. Ou alors, on peut utiliser un autre mot que "femme" ou "homme" pour nous définir, comme "trans", ou comme "femme trans". Ce qui est le cas. Sauf que... nombre d'entre nous considèrent la transition comme... une transition, un passage, temporaire, d'un état A vers un état B. Donc, utiliser le terme "trans" quand on est dans cette phase, à la rigueur, mais c'est pas simple parce que ça nous discrimine pour beaucoup de monde, mais continuer à l'utiliser après la transition... Moi, ça m'ennuierait. Beaucoup. Pour les discriminations, mais aussi parce que ça me rappellerait en permanence mon passé douloureux et ma transition qui n'est pas non plus une sinécure. Je préférerais nettement passer à autre chose. A l'état B.
Donc là, au niveau linguistique, ça coince. Faut reconnaître. Mais c'est logique: la langue est le reflet de la société qui l'emploie. Donc si l'existence des trans coince dans la société, ça coince aussi au niveau linguistique.
Cela dit, des gens qui souffrent de dysphorie, qui se sentent femmes alors qu'ils sont nés dans un corps d'homme ou inversement (ou qui ne se sentent ni l'un ni l'autre etc), on sait que ça existe, partout, dans toutes les cultures, dans toutes les ethnies et à toutes les époques. Des gens qui se prennent pour des licornes, ça peut aussi exister, mais... c'est lié à un trouble neurologique ou psychiatrique (ou c'est juste un bon gros emmerdeur qui ne le pense pas sincèrement). Ce qui n'est pas du tout notre cas, comme ça a été prouvé et démontré.
Conclusion: c'est pas totalement stupide, mais un petit peu quand même. Et c'est surtout transphobe.
5. "Pour moi, t'es qu'un travelo hormoné!"
Non. Déjà, un travesti, il ne fait de mal à personne, donc t'es gentil, tu le respectes. Et la différence, c'est que le travestisme, c'est temporaire. On le pratique par fétichisme ou pour s'amuser, c'est du déguisement. Un travesti ne supporterait pas de jouer ce rôle (parce que ce n'est qu'un rôle) en permanence. C'est là que se situe la principale différence. Le travesti ne souffre pas d'avoir un corps d'homme ou de femme. Le transidentitaire, si. Les mots ont un sens et il ne faut pas les mélanger, même s'il y a de nombreuses nuances entre travestis, transidentitaires, personnes non binaires etc Hé oui, c'est compliqué la vie! Rien n'est jamais tout blanc ou tout noir, la nature (on y revient) présente d'innombrables variations entre un Stalone et une Nabila...
Mais je ne vais pas plus développer parce que là on n'est pas dans l'argument, mais dans la tentative d'insulte. La tentative, parce qu'il n'y a rien de rabaissant à être "travelo" ou "hormoné" ou les deux, même si c'est le but de l'abruti qui lance ça. Abruti qui a besoin de marquer sa virilité, de montrer à la terre entière que lui c'est un "bonhomme". Ils sont nombreux, les "gens" qui confondent virilité et stupidité, masculinité et violence, respect et crainte...
N'hésitez pas à me dire si vous en avez d'autres. Houla pas tous à la fois!!!! (oui, j'anticipe...)
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