(Écrit le 15/10/17)
Ce n'est pas la première fois que mon
psy me pose cette question. La fois précédente, la question transgenre
n'avait pas été posée. Donc le contexte est aujourd'hui différent, et il
est légitime de la reposer. Légitime et pertinent, parce que c'est un
peu le noeud du problème.
Après tout, si j'étais dans une relation
épanouie, autant au quotidien qu'au niveau sexuel, pourquoi se prendre
la tête? Pourquoi risquer de tout foutre en l'air? Mais ce n'est pas le
cas, et ça ne l'a jamais été. Même s'il y en a eu une qui avait très
bien fonctionné, pendant un temps.
Ma réponse n'a néanmoins pas changé: je ne m'imagine pas avec un homme. J'ai juste ajouté une nuance: "dans ce corps".
Pour développer un peu, les hommes
homosexuels sont attirés par les hommes, pas par les transgenres, pas
par une femme dans un corps d'homme, pas par les travestis, pas par des
transexuels devenus femmes par chirurgie. Donc entamer une relation avec
un homme qui n'aimerait que mon physique et ferait semblant pour le
reste: non. D'autant que dans la pratique... j'aurais envie d'être
touchée comme si j'étais une femme, ce qui demande beaucoup
d'imagination et implique beaucoup de frustration, parce que ce n'est
matériellement possible que dans certaines limites. En clair, je n'ai
pas de vagin et je n'ai aucune envie qu'un homme touche ce que j'ai à la
place.
Est-ce que je suis attiré(e) par les
femmes? Clairement, oui. Le problème est que je dois trouver des
subterfuges dans l'intimité. Je pourrais continuer comme ça, trouver une
femme qui m'accepterait comme je suis, ou comme je serais si je
changeais de corps... C'est une option. Ca me semble assez compliqué,
mais c'est une option.
Voilà pourquoi la situation est
compliquée à vivre. Je me sens coincé(e), condamné(e) à la solitude.
C'est déjà compliqué, à 38 ans, de trouver une femme bien et qui me
plaise, si en plus j'ajoute des handicaps pareils, ça devient mission
impossible. D'un autre côté, on peut aussi supposer que c'est compliqué
de trouver une femme bien et qui me plaise... à cause de ma situation
actuelle. Une fois au clair dans ma tête, ce sera peut-être plus simple.
Mais pour le moment, c'est mission impossible.
Or, cette solitude me pèse beaucoup. Donc cette situation me mine particulièrement.
La solution que j'ai trouvée, c'est
l'écriture de mes romans. D'une part, me lancer à corps perdu dans cet
exercice mobilsera mes pensées et ça m'évitera de me focaliser sur les
questions angoissantes. D'autre part, si jamais je rencontre le succès,
j'aurai peut-être les moyens de changer de sexe, et/ou de me positionner
dans un contexte autrement plus confortable. L'argent ne fait pas le
bonheur, mais il permet quand même de mieux respirer.
Et puis, un écrivain transgenre qui
écrit pour se donner les moyens de changer de corps... ça me semble très
marketing. C'est original, dérangeant pour certains, rock'n roll à
mort. Clairement ça permettrait de se démarquer, à une époque où,
souvent, la personnalité voire le physique des auteurs passe avant leurs
écrits. Sauf que j'ai pas très envie non plus d'avoir "transgenre" ou
"transexuel" collé sur le front en permanence.
Sinon, rien de bien intéressant avec le
psy. Hormis sa toute dernière phrase, quand je lui ai dit que je voyais
le médecin dont j'ai parlé dans le précédent article. J'ai précisé que
je ne m'inquiétais pas de son ouverture d'esprit, mais plutôt de ses
connaissances, de ce qu'il va me dire. Et il m'a répondu: "Je crois que
vous savez déjà tout ce qu'il pourrait vous dire." Comme j'y vais,
principalement, pour qu'il me dise si je suis bien transgenre ou pas,
lui qui en a croisé beaucoup... J'ai traduit cette phrase anodine par
"Tu sais très bien que t'es transgenre, meuf. C'est juste que t'es
encore dans le déni."
Et plus tard, le tweet d'une jeune
femme, née avec un corps d'homme, qui expliquait que ceux qui se
travestissent, même s'ils disent faire ça "pour le fun", sont la plupart
du temps transgenres. Qu'ils soient dans le déni ou non.
Lors de mon dernier article, je disais que j'étais sûr(e) à 85% que je suis transgenre... Je crois qu'on va passer à 95%.
Mais ça fait toujours autant ch**r. P***n de m****e de malédiction.
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