Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du novembre, 2024

"It's a wonderful life": point d'étape à R+29

 C'est long. Ce mois de novembre ne veut pas se terminer. Tous les matins, je dois puiser au plus profond de moi la volonté de me lever, de prendre mon petit déjeuner et d'enchaîner avec la première dilatation. Au début, je la démarrais à 8h30. Aujourd'hui, je dois lutter pour démarrer avant 9h. Je n'arrête pas de me dire qu'un jour je vais lâcher un juron, me retourner et finir ma nuit. Sauf qu'il ne faut pas qu'il y ait plus de 10h entre la première et la dernière dilatation d'après l'infirmière qui m'a dit ça avec l'index dressé. Et c'est pas rien quand une infirmière dresse un index. La dernière, je la commence à 21h30. Là, pas de souci de ponctualité. Et je la termine vers 22h45. Pas étonnant, alors, d'éprouver quelques difficultés à insérer Rocco le matin. J'y arrive, mais ça prend du temps. Et ça m'angoisse, que ça prenne du temps. Parce que j'ai pas envie d'avoir fait tout ça pour rien. Vraiment pas. Alors, je ...

"It's a wonderful life": point d'étape à R+21

 Cela fait maintenant 21 jours que je suis rentrée chez moi. J'espérais une amélioration de mon état au bout de deux semaines, elle est arrivée un peu plus tard. A R+18, mes nuits ont commencé à s'améliorer. Je n'ai donc plus ressenti le besoin impérieux de me mettre en PLS dans mon lit entre deux dilatations. Les douleurs aussi se sont amoindries. Je peux désormais rester debout plus d'une heure sans gémir, et marcher presque normalement. La station assise reste un peu plus complexe, mais je devrais bientôt pouvoir me passer du coussin troué. La cicatrisation avance, étape par étape. M'enduire l'intérieur queer avec de la vaseline me répugne toujours, et peut-être même de plus en plus. Parce que ça demeure sensible et moche. Je ne peux m'empêcher de lancer un "rah c'est dégueulasse !" chaque fois que je termine, et que je sors de mon apnée. Mais j'imagine qu'un jour, je le vivrai autrement, de façon plus apaisée. Mes culottes finissent...

Intermède: "ça fait quoi d'avoir une chatte?"

 On m'a posé la question il y a quelques jours. Sans malice, sans mauvaise intention. Et pourtant. Quand elle m'a fait remarquer que j'allais échapper aux règles, je me suis sentie obligée de lui répondre que je suis en train de "rattraper" toutes les règles et tous les accouchements auxquels j'ai échappé, avec cette opération et cette convalescence. Parce que moi j'ai entendu "tu n'es pas tout à fait une femme. Tu échappes à une partie de ce qui définit la féminité. Ta condition n'est pas tout à fait la même que la mienne." Et il y a du vrai là-dedans, même si bien sûr, certaines femmes n'accouchent pas et que les règles ne sont pas systématiquement mal vécues. Ce n'est pas la première fois que je l'entends, et je comprends qu'une femme qui vit mal ses règles, qui a vécu des accouchements compliqués puisse me le claquer à la figure. Même si je n'en suis pas responsable. Et il se trouve que, même si je ne devrais sans ...

"It's a wonderful life" ou ma vaginoplastie (5)

 Nous sommes le vendredi 1er novembre. C'est la Toussaint et j'ai besoin de me rassurer. Je regarde mon calendrier. J'ai l'habitude de biffer chaque jour passé et là tout est vierge jusqu'au bout. Quand je changerai de calendrier ma situation se sera améliorée. Il est prêt, le 2025. Je sais que ce sera une bonne année. Mais il faut déjà y arriver. Je bascule sur mon agenda en ligne. J'ai des déclarations à effectuer rapidement, je les planifie. La question financière me préoccupe. Je vais devoir piocher dans mes réserves et me retrouver au RSA. Je me dis que plein de gens réussissent à vivre avec ça, alors ça devrait aller. Je programme des alertes quatre fois par jour pour mes dilatations: 8h30, 13h, 17h, 21h30. Je ne suis pas sûre pour la première et la dernière. L'infirmière m'a précisé qu'il ne faut pas qu'il y ait plus de 10h entre les deux. Sauf que je suis épuisée. J'ai besoin de dormir un minimum. La question du sommeil et de la fatig...

"It's a wonderful life" ou ma vaginoplastie (4)

 Voilà. C'est le petit grand jour. "Look at me standing/Here on my own again" Je vais bientôt pouvoir manger autre chose que ces foutues biscottes. Je commence à avoir mal au ventre en plus des hémorroïdes et de la schneck. Mais je dévore toujours ce qu'on me donne. On m'a retiré mes bottes musicales, remplacées par des bas de contention depuis ce week-end, déjà. L'infirmière arrive dans la matinée. C'est bien, je n'aurai pas trop le temps de stresser. Elle est accompagnée d'un stagiaire, je crois. Je ne sais jamais qui fait quoi dans cet hôpital. Il y a juste les médecins et les internes qui ont une aura différente. Elle m'explique tout en découpant du fil qu'il s'agit donc d'un conformateur moderne. Il suffit de lui insérer une seringue et hop! ça part quasi tout seul. Et elle s'y met. Une tentative. Deux. Trois. Quatre. Cinq... "Ben qu'est-ce qu'il se passe?" Pas moyen d'aspirer la flotte. Elle se désole...

"It's a wonderful life" ou ma vaginoplastie (3)

Dimanche. C'est le jour du seigneur. Je me montre particulièrement agitée toute la nuit. La bougeotte. Cette foutue sonde commence à me rendre dingue. Bien sûr, pas moyen de dormir, alors vers 2h30, je reprends mon petit cahier pour tenter de m'apaiser: "C'est fait. On m'a présenté le J2 ou le J3 comme une épreuve pour le moral, et ça va. J'ai vu l'absence à de multiples reprises et je n'ai rien ressenti de négatif. Je vois le sang, les fils, je cohabite avec une sonde et ça va. La douleur devient supportable. C'est surtout une gêne depuis quelques heures. Je n'ai plus de perfusion. Les produits passent par ma bouche. J'ai refusé de voir la nouvelle forme de mon sexe. Trop tôt. Trop tuméfié. Mais je me projette déjà. Je m'imagine la main dessus, ou autre chose. Je m'imagine dans diverses tenues. Sans ce "bulge". Mon esprit s'adapte à ma nouvelle forme. J'ai hâte de revenir au badminton. J'ai encore peur de la su...

"It's a wonderful life" ou ma vaginoplastie (2)

Réveil.  Je suis dans une salle avec un autre type qui me semble loin et un coltard de compétition. Voilà. C'est fait. Cette fois il m'est impossible de revenir en arrière. De recoller le truc. Parmi mes "flashs de trouille", le plus fréquent avait trait à ma réaction à ce moment précis. Celui de la prise de conscience. Je m'imaginais taper une crise de panique monstrueuse, avec la douleur, l'épuisement, la confusion... Il n'en a rien été. A vrai dire, ça a été le réveil d'anesthésie le plus simple de toute ma vie, autant que je me souvienne. Lors de l'ablation de ma pomme d'Adam, ça avait été très compliqué. J'étais très mal et j'ai même failli rester sur place la nuit alors que c'était en ambulatoire. J'avais averti l'anesthésiste qui m'avait parlé d'hypnose, de créer une ambiance propice. Elle m'a répété qu'on se réveille comme on s'endort. "It's a wonderful wonderful life". La chanson co...

"It's a wonderful life" ou ma vaginoplastie (1)

La veille, j'ai pris deux Atarax pour dormir un peu. J'avais réussi à arrêter, mais la proximité de l'opération m'a forcée à en reprendre. Un demi-cacheton quelques mois avant, puis un cacheton la semaine qui la précède. Et puis deux, donc. Je me dis qu'une fois qu'elle sera derrière moi, je pourrai arrêter. Définitivement, cette fois. Parce que cet énorme stress que je me traîne depuis des années aura disparu. On peut même dire que je me le traîne depuis l'adolescence. Nous sommes le 23 octobre 2023. La veille, j'ai vu l'interne du service d'andrologie. Contrairement à l'anesthésiste qui s'était montrée plutôt rassurante, elle m'a fait flipper. Peut-être qu'elle m'a préparée au pire pour rendre la réalité plus acceptable. En tout cas, elle m'a bien dit que ce serait "pas une partie de plaisir". Et le petit couac par rapport à ma testostérone trop élevée ne va pas faciliter les choses. Normalement, ils auraient d...