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Tout, tout, tout, vous saurez tout sur mon...

 Attention je vais parler de mon intimité la plus intime, et aussi de sang.


Vous voulez connaître la différence entre une femme trans et un homme travesti? Alors la suite peut vous intéresser, même si, évidemment, il ne s'agit pas de généraliser. Et la transidentité ne se résume pas à ça. Ma transidentité ne se résume pas à ça.

Dans quelques mois, j'ai rendez-vous avec le chirurgien pour déterminer ce que je vais faire de mon service trois pièces. Alors, forcément, ça mouline. J'ai la trouille. Parce qu'il est interdit de se planter, voyez?

Et hier, je me suis réveillée avec, comme souvent, l'organe douloureux, boursouflé, jaune et sanguinolent. Ce qui m'a amenée à refaire l'historique de mon rapport avec ce truc.

Déjà, là où beaucoup de mecs cis en sont lamentablement fiers au point de l'exhiber dès que possible, j'en ai toujours eu honte. Toujours. Je me souviens du malaise quand je jouais au foot, en club, avec l'entraîneur qui me mettait la pression pour que je prenne ma douche avec mes camarades. "Cohésion d'équipe". Ca fait partie des raisons pour lesquelles j'ai arrêté le foot. 

Il y a aussi eu mes ex, qui ne comprenaient pas pourquoi je le cachais toujours. "Mais j'aime bien te regarder, moi!". Oui, mais moi je déteste ça. Je le sortais pour faire du sexe, mais dès qu'on avait fini, on remballe. Rideau!

Il n'y avait pourtant pas de raison objective à ce rejet visuel. La chose est confondante de banalité. Dans sa forme comme dans ses proportions. Sauf si on considère que c'est censé être un organe "féminin", évidemment.

Et il n'y a pas que l'aspect visuel.

Au début, avec la puberté, j'ai voulu faire comme tous les ados. Je me suis imaginée dans des situations totalement hétéros avec des filles qui me plaisaient bien, incarnées par ma main. Et ça marchait plutôt pas mal, il faut le dire. J'avais pas une libido débordante, mais enfin j'avais une libido d'ado. Avec un léger phimosis sur lequel je reviendrai plus tard et qui rendait les choses douloureuses, parfois.

Je matais du porno et j'essayais de me projeter, de m'imaginer à la place des gars. Ca le faisait, mais pas tout le temps. Tout ce qui n'était pas hétéro ne m'intéressait pas. Et ça n'a pas changé. Je n'ai jamais aimé le "bizarre" non plus. Ca ne m'a jamais tenté de lorgner du côté de la catégorie "shemale", par exemple.

En réalité, je préférais m'imaginer à la place des actrices. Et donc, progressivement, à force de tester, cette chose que j'avais entre les jambes commençait à me gêner.

J'ai donc lancé une sorte de rituel, irrégulier. L'idée était de m'enivrer ou de me défoncer le crâne, pour me faire oublier ma triste condition masculine. Il fallait que je sois dans un état second bien avancé pour m'imaginer avec un corps féminin, comme ceux que je voyais sur l'écran. Ensuite, je procédais par frottements, je m'imaginais que ce truc était inversé, à l'intérieur de moi, ou qu'il était à un autre. J'essayais de trouver des subterfuges. Mais ça ne fonctionnait pas bien, ça me faisait mal et j'en ressortais avec la gueule de bois et une honte sévère. Un homme ne fait pas ce genre de choses. Comment tu veux que Jennifer tombe amoureuse de toi si tu pratiques ce genre de conneries?

Alors, je me "reprenais", et je faisais comme tout le monde, la plupart du temps: la main en cercle. Sans jamais séduire Jennifer, ni Mathilde... Et avec, parfois, souvent, cette envie de m'éclater le "truc" entre deux autobloquants, ou au couteau de cuisine.

Et puis, un jour, c'est arrivé, j'ai eu ma première relation sexuelle. Et j'ai tout de suite senti que quelque chose clochait. On m'avait dit que ce serait court et qu'il faudrait que je trouve des moyens pour me "retenir". C'était exactement l'inverse. Et les fois suivantes, c'était la même chose. Pas toujours. Il arrivait aussi que ce soit court, voire très court. Mais souvent, je devais faire des efforts d'imagination, pour me sortir de cette situation insuffisamment excitante et en trouver une plus "efficace". 

Ca marchait. Je me disais juste que j'avais pas une grosse libido. Et puis le phimosis gâchait l'ambiance. Et la capote...

Un jour, j'ai essayé sans capote. Ce n'était pas une bonne idée (j'étais contre) mais c'est une autre histoire. La sensation, pour le coup, était totalement différente. Et cette sensation, c'est ce qui aujourd'hui me fait douter de ma transition, et plus encore, de la pertinence d'une vaginoplastie.

J'ai souvent entendu que la différence n'est que psychologique entre le sexe sans capote et avec, et ne connaissant que ma propre, modeste et atypique expérience, je ne peux dire si c'est vrai ou pas. Mais dans mon cas, la différence était énorme. Ce qui me réconciliait, en partie, avec mon truc.

En partie, parce que, malgré tout, je continuais mon rituel. Et il arrivait, de plus en plus souvent, que je me blesse. Parce que je devais "forcer" et que les frottements, au bout d'un moment... ça laisse des traces sanguinolentes.

Je mettais aussi ces blessures et mon malaise général sur le compte du phimosis. Alors j'ai fini par me résoudre à une circoncision, il y a une dizaine d'années.

Ca n'a fait qu'empirer les choses. Le "truc" est devenu particulièrement sensible aux frottements et particulièrement insensible sous une capote. Voilà pourquoi hier matin, je me suis réveillée avec une boursouflure et un peu de sang sur la culotte.

Ajoutez à ça que je suis, un peu, obligée de forcer ma libido, de me faire violence pour conserver un semblant de vie sexuelle, seule, parce que je me suis mise à l'écart du monde, et surtout des relations sexuelles.

A l'époque où je n'avais pas entamé ma transition et où j'avais encore des relations, ça ne posait pas plus de souci qu'avant la circoncision. Il fallait juste la manier avec un peu plus de douceur.

Sauf que depuis 2016, c'est terminé. Je suis seule avec mon imagination, mes fantasmes, et ce truc que je blesse quasiment à chaque fois.

Je me dis que si je n'en prends pas plus soin, c'est peut-être, simplement, parce que je le considère comme un corps étranger, parce que je veux m'en débarrasser, dans le fond. D'autant que j'ai souvent tendance à me gratter, sans raison apparente, aux abords et à sang. J'ai consulté: pas de champignon, pas de piqûre d'insecte, pas d'allergie. Peut-être la repousse des poils. Ou alors, c'est psychologique.

Depuis ma transition, je n'arrive plus du tout à me projeter dans une relation, et ce truc n'y est pas étranger. La catégorie "shemale" ne m'a jamais attirée, comme je l'ai dit. Donc soit je deviens une femme à part entière, dans mon esprit, soit je détransitionne et je reprends où j'en étais. Mais l'entre-deux, pour moi, ça le fait pas.

Chaque fois que mon regard croise ce truc, j'ai une mini envie de crever.

D'un autre côté, je me dis que si je le remplace par sa version "féminine", il y a intérêt à ce que le reste de mon anatomie ainsi que ma perception sociale soient en harmonie avec elle. Parce que si je suis toujours perçue comme un homme, avec un vagin, ça va pas le faire, pour moi. Du tout.

Et, bien sûr, il y a toujours ces souvenirs qui me hantent. Ces relations sexuelles absolument géniales dont je vais définitivement me fermer. Mais n'est-ce pas déjà le cas?

Dois-je continuer à me blesser encore et encore chaque fois que j'essaie de prendre du plaisir? Est-ce que cette opération ne va pas encore aggraver les choses?

Je vais déjà prendre les infos, en février et voir où je me situe après la féminisation du visage. Peut-être qu'à ce moment, mes derniers doutes auront sauté, qui sait?

En tout cas, un homme travesti ne se pose pas ce genre de question, j'en suis à peu près sûre.

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