Accéder au contenu principal

La transition au temps du covid

Je crois que c'était en avril. Ou peut-être en février. La condition sine qua non, c'était de commencer par la réduction de la pomme d'Adam. L'opération remonte à janvier. Ensuite, je devais revoir le chirurgien plasticien pour discuter de la suite. Mon visage m'identifie toujours comme un homme. Pas toujours. Quelques retouches pourraient donc m'être précieuses pour mon humeur. Quatre points avaient été identifiés: la mâchoire, les lèvres, le nez et les sourcils. Il n'y avait plus qu'à.

En début d'avril, la procédure était lancée. Je devais recevoir mon rendez-vous. Je pensais qu'il arriverait vite et j'avais hâte de mettre les coups de bistouri derrière moi. 

Nous sommes bientôt en janvier, et la convocation n'est toujours pas arrivée. J'ai revu à de nombreuses reprises le psychologue. Chaque fois, je lui ai rappelé que j'étais dans l'attente. Chaque fois, il m'a répondu que c'était en cours. Sauf que voilà, il y a le covid, et je ne suis pas une priorité. Je peux l'entendre. Il n'y a pas de menace de mort. Les hôpitaux sont désorganisés. De nombreuses opérations importantes ont été reportées et nous sommes dans une nouvelle vague, avec l'inquiétude du nouveau variant. Le plan blanc a été déclenché un peu partout.

Alors voilà, je dois attendre. Et je n'ai même pas de délai approximatif, maximum, rien. Mon endocrinologue doit aussi intégrer le dispositif. Comme moi, elle est dans l'attente, depuis encore plus longtemps.

J'en viens même à me demander si le dispositif n'est pas en train de disparaître, et si je n'attends pas en vain. Mais je n'ai pas vraiment d'alternative, pour le moment.

J'attends aussi les conseils du service administratif pour ajouter un prénom sur ma carte d'identité. J'aimerais aussi pouvoir simplement supprimer le M, mais ça... ce n'est pas à l'ordre du jour. Surtout avec la trouille qu'a ce pays, de plus en plus, à cause de l'extrême-droite dans sa version islamiste, mais aussi chrétienne. Comme si le retour aux valeurs "traditionnelles" d'exclusion allait nous sauver.

S'adapter. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Dilemme

Je suis en pleine dysphorie. Les choses continuent à bouger dans mon crâne, et ce n'est pas très agréable, aujourd'hui. A la demande de ma nouvelle toubib, j'essaie de me projeter. Et il y a conflit. Ce qui est à l'origine de ce malaise. Voilà l'équation que je dois résoudre: Le but de ma transition est de me sentir mieux, plus en adéquation avec ce que je suis au fond de moi. De ce point de vue, j'avance. Sauf que plus j'avance, et moins je me sens bien. Pourquoi? Parce que je ne me sens absolument pas en sécurité dans un corps "hybride". Or, à moins de faire machine arrière toute, ce corps restera "hybride". J'ai toujours été "pudique". J'ai toujours détesté montrer mon corps, ce qui m'a valu des moqueries, ou au mieux des remarques. Même un short, pour moi, c'était problématique. Même avec mes ex. Aujourd'hui, c'est 100 fois pire. Autant, avant, j'avais un corps que JE ne pouvais pas voir, m...

Une semaine avant le début du dernier chapitre

 La pression monte sérieusement. J'ai des flashs d'angoisse, de temps en temps. Dans une semaine, je serai à l'hôpital à Lille. Sur un lit trop petit, dans une chambre encombrée. Mes affaires seront pour l'essentiel dans mon sac de badminton, lui-même rangé dans un placard. Des infirmiers, des aides-soignants viendront me voir, me donner des consignes, des médicaments... Je serai en train de focaliser mon attention sur mon téléphone, mes réseaux sociaux. Parce que le lendemain matin, il faudra que je me rende, à pied, au bloc, que je m'installe sur la table d'opération. On va me mettre une perf sur le dos de la main, diffuser de la musique que j'aurai choisie, probablement du Katie Melua, ou du Björk. Ce serait cool de sombrer dans le néant sur du Björk. Et puis, je vais perdre connaissance. Anesthésiée. Le réveil sera pénible, comme il l'est toujours. Je serai dans une salle de réveil, avec d'autres personnes dans le même coltard que moi. Pas de fen...

"It's a wonderful life" ou ma vaginoplastie (3)

Dimanche. C'est le jour du seigneur. Je me montre particulièrement agitée toute la nuit. La bougeotte. Cette foutue sonde commence à me rendre dingue. Bien sûr, pas moyen de dormir, alors vers 2h30, je reprends mon petit cahier pour tenter de m'apaiser: "C'est fait. On m'a présenté le J2 ou le J3 comme une épreuve pour le moral, et ça va. J'ai vu l'absence à de multiples reprises et je n'ai rien ressenti de négatif. Je vois le sang, les fils, je cohabite avec une sonde et ça va. La douleur devient supportable. C'est surtout une gêne depuis quelques heures. Je n'ai plus de perfusion. Les produits passent par ma bouche. J'ai refusé de voir la nouvelle forme de mon sexe. Trop tôt. Trop tuméfié. Mais je me projette déjà. Je m'imagine la main dessus, ou autre chose. Je m'imagine dans diverses tenues. Sans ce "bulge". Mon esprit s'adapte à ma nouvelle forme. J'ai hâte de revenir au badminton. J'ai encore peur de la su...