Niveau libido, j'ai noté un léger frémissement, mais... j'ai l'impression que ça n'a pas duré. Et je me rends compte que j'ai un blocage par rapport au corps, et notamment à l'intimité.
Je m'en suis rendu compte très récemment, sur Twitter, après avoir une énième fois pesté devant le compte d'un fétichiste qui me suivait. C'est une scène trop habituel, quand on est trans. Une notification: quelqu'un qui décide de nous suivre. Super. On va voir un peu qui est cette personne. Est-elle trans, elle aussi? Est-ce une personne intéressante qu'on pourrait également suivre, avec qui on pourrait échanger? Et non. Dès le départ, on tombe sur une image porno, où on voit une "femme à b*te", nue, avec un focus sur ses parties génitales. Et là, la nausée.
Si je suis d'humeur masochiste, je peux aller un peu plus loin et multiplier les images repoussantes. Avant, et ça c'est systématique, de refermer ce compte, brutalement sur un "beurk" bien marqué.
Et c'est là que ça me pose un problème. Parce que ce corps que je rejette, que je ne veux pas voir, c'est le mien. Cette personne, respectable, a un corps semblable au mien. Simplement, elle se prostitue, et accepte d'être mise en scène, pour plaire à ces fétichistes, qui me suivent. Alors pourquoi?
Après réflexion, je me rends compte que j'ai une réaction à peu près similaire avec les intimités de personnes cisgenres. Parce que ces mecs qui me suivent, en général, ne se limitent pas aux corps trans, à la catégorie "shemale", mais ils sont aussi intéressés par les corps cisgenres. Souvent avec un petit côté "cracra".
Est-ce que ce n'est pas ça, finalement, qui me rebute? Cette mise en scène "cracra", voire carrément "dégueulasse" et donc les regards posés sur ces corps, que je ne peux donc qu'associer au mien. Mon corps devient une espèce de curiosité "dégueulasse". Excitant comme une tête coupée par un islamiste. Beau comme une scène zoophile. Quelle horreur.
Mais comment faire la part des choses? Comment dissocier mon corps, et tous les corps trans, de ces images? Comment me sortir du crâne que oui, les hommes, mais aussi les femmes, ont cette image dégueulasse de moi, avec ce rejet, ou cet attrait pervers?
D'autant que si on excepte l'intimité, les corps féminins sont loin de me rebuter. Quand ils sont habillés, donc, même légèrement, même mis en scène de façon érotique. Idem, même si c'est beaucoup plus rare, plus refoulé, probablement, pour les corps masculins. Et ça vaut aussi pour les corps trans. Nicole Maines, par exemple, je la trouve magnifique. Il y en a d'autres, nettement moins connus, que je trouve aussi superbes, mais que je ne citerai évidemment pas. Y compris des hommes trans.
Mais peut-on réellement parler d'attirance? Dans la mesure où, une fois au pieu, je ne saurais pas quoi faire, avec ces images dégueulasses, ce rejet dans la tête. Et aussi ce truc entre mes jambes qui me rend dysphorique, et que je ne m'imagine pas non plus faire charcuter. Par peur des conséquences.
Ça ne facilite rien pour l'imagination.
Je vais vraiment finir par conclure que je suis asexuelle. Sauf que ça ne m'arrange pas. J'ai pas envie de l'être. J'ai plutôt l'impression que je ne me suis pas trouvée.
Et comment se trouver, quand on se méfie de tout le monde?
Commentaires
Enregistrer un commentaire