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J'ai (toujours) un blocage niveau relationnel

 Oui, j'ai un "crush", voire plusieurs. Mais je ne m'imagine rien de sexuel avec elle. Bien sûr, une relation sentimentale sans sexe est parfaitement envisageable, mais déjà que je suis trans, j'ai peur que ça ne réduise encore mes chances de trouver quelqu'un pour partager ma vie. D'autant que je ne suis pas bien sûre que ce soit le type de relation que je cherche.

Le problème, c'est que je n'arrive pas à m'imaginer une sexualité avec ce corps. Une sexualité qui ressemblerait à celle d'un mec hétéro me rebute, sauf que c'est dans ce rôle que j'ai mes repères et de bons souvenirs. Et je ne suis pas équipée pour avoir une sexualité de femme hétéro. Je me rends bien compte que cette sexualité "papa dans maman" n'est qu'une bien pauvre option, et que, pour le coup, je manque cruellement d'imagination.

Mais il se trouve que c'est ancré en moi. Je ne connais rien d'autre, sauf, bien sûr, subir des relations homosexuelles non consenties et fugaces, mais ça c'est pas de la sexualité, c'est de la domination par la violence.

Je me rends compte que j'ai été conditionnée à rejeter toute relation "alternative", comme toute la société, et j'ai aussi peur d'être d'autant plus rejetée si j'adoptais une de ces sexualités. Cercle vicieux.

Il serait plus simple, de ce point de vue, de subir une vaginoplastie, comme ça: problème réglé. Je pourrais partir sur des relations un peu plus "normales", qu'elles soient hétéros ou lesbiennes. Mais... ça ne m'enchante pas de subir une opération aussi lourde aux conséquences terrifiantes. Trente minutes "d'entretien" absolument tous les jours, j'ai un peu peur de ne pas être en capacité de tenir. Déjà que passer un coup de crème sur mon tatouage, ça m'a saoulée au bout de trois semaines, alors que j'aurais dû continuer une de plus... Sans parler des quatre mois d'arrêt maladie. Il faut avoir un certain mental et un besoin manifeste pour se lancer là-dedans. Et j'en suis pas là, même si je n'exclue toujours pas cette option totalement.

Je pense que mon absence de libido vient en partie de là. Je ne peux pas me projeter dans une relation, je n'y parviens pas. Je me dis qu'une fois à poil, je vais être ridicule, décevante. Je me dis aussi, que chez les autres, il doit y avoir un élan, un désir qui amène à dépasser ces blocages, comme des pulsions. C'est marrant (ou pas), je pensais que ma transition allait justement exacerber ma libido, j'en étais même persuadée. Et non. C'est exactement l'inverse. 

Peut-être suis-je asexuelle, simplement? Ou quelque chose dans ce genre. Je maîtrise toujours très mal les notions et le lexique. C'est possible. Mais en même temps, je sens bien qu'il y a quelque chose en moi qui ne demande qu'à s'exprimer, quelque chose que je n'arrive pas à comprendre, ou que je ne veux pas comprendre. Une sorte de déni. Parce que, quand même, j'aime bien plaire, j'aime bien susciter du désir, mais dès que ça commence à devenir réel, je rentre dans ma carapace: pas touche, c'est dégueulasse! 

Et bien sûr, je repense à ce que m'a dit, avec un naturel déconcertant, ma nouvelle endocrinologue: "Vous n'avez pas encore intégré que le sexe ne se limite pas à la pénétration...". Non, en effet. Je ne l'ai pas encore intégré.

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