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"Vous êtes un homme ou une femme?"

 On va se dire que c'est une évolution, mais j'ai plutôt mal vécu cette scène.

A proximité de mon boulot, où je suis toujours perçue comme de genre masculin, un type m'a demandé son chemin.

"Hé madame, c'est par où la place d'Armes?"

Il me semblait louche, par son attitude, du type "relou", comme le dit si bien une secrétaire d'Etat qui ne semble pas au courant de l'être. Alors, spontanément, j'ai sorti ma voix habituelle, celle qui racle la gorge.

"C'est à gauche, et encore à gauche."

Mauvaise idée. Ou pas. Comme mon évaluation était bonne, il s'est montré "relou". Il aurait pu me remercier et partir, sur son vélo, mais non. Il fallait qu'il sache.

"Vous êtes un homme ou une femme?

- Comme vous voulez."

Réponse pourrie qui témoigne de mon profond malaise. Qui répond ça? Une personne genderfluid, à la rigueur? Mais d'habitude, les gens sont plutôt bien éduqués: ils ne posent pas ce genre de question. S'ils ont un doute, ils le cachent, probablement pour ne pas vexer. Mais lui, c'est un "relou". Alors il insiste. Lourdement. Alors je finis par lui répondre que je suis un homme.

Pourquoi? Parce que je me sens plus crédible dans un genre que j'ai performé pendant une quarantaine d'années. Parce que je trouve toujours que je ressemble plus à un homme qu'à une femme. Et aussi parce que j'ai estimé que si je lui disais que je suis une femme... il risquait de se montrer encore plus "relou".

Il s'est donc excusé. Lourdement. Encore et encore.

"Non, parce que moi je suis un homme et j'aimerais pas qu'on m'appelle 'madame', alors je m'excuse."

Et tout ça à proximité des locaux de la brillante jeune femme dont je parlais dans le précédent article.

Il avait probablement envie de parler, de sociabiliser. Dans le fond, il n'a pas fait preuve de malveillance, mais moi je suis chatouilleuse de base, et avec la transition, c'est encore pire.


Sinon j'ai mon premier rendez-vous pour l'endocrinologue, à côté de chez moi, la semaine prochaine. J'espère vraiment qu'elle va me proposer autre chose que le Lutéran. L'absence de libido et la dépression, c'est pas l'objectif de ma transition.

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