Il y a encore débat sur le sujet, mais globalement, en France, le mot "transgenre" remplace le mot "transsexuel". Parce que ce dernier renvoie à ce qui était considéré comme une maladie psychiatrique, et qui renvoyait à une réalité extrêmement négative.
C'est une très bonne chose, sauf que... l'abréviation "trans" n'a pas bénéficié de cette remise à zéro. Et donc, le mot transgenre, pas vraiment non plus. Les gens ne savent pas de quoi il s'agit, et quand on leur explique... ce sont tout de suite des images abominables qui viennent, pour la plupart. Forcément.
Donc quand je dois dire "je suis transgenre", j'ai honte. Parce que la charge négative est toujours aussi forte. Il suffit de lire les commentaires sur les publications qui parlent de nous. Il suffit de voir les fantasmes qui continuent à circuler sur nous.
Il en résulte que ce mot, avec toute cette charge, ne correspond en rien à ma réalité. D'ailleurs, personne ne semble m'identifier comme telle. Alors quoi? Il faudrait m'inventer un nouveau mot? Me défendre d'être trans? Je ne sais pas. Je dois bien m'affubler de ce mot, quand je me trouve devant des toubibs, quand je dois expliquer. Qu'il me gène ou pas, c'est le mot qui définit le mieux ce pan de mon identité. Il n'y en a pas d'autre.
Le mieux serait de le laver, ce mot, de toutes les saletés qui y sont attachées. Mais... la charge négative de ce mot nous rend à cran, alors que beaucoup d'entre nous sont déjà particulièrement fragiles, pour diverses raisons. Ce qui peut nous faire perdre en lucidité et... entretenir cette mauvaise image, par des réactions disproportionnées, violentes et surtout des conflits entre nous.
On reproche souvent aux journalistes de raconter n'importe quoi sur nous ou à tout le moins de renvoyer de nous une image épouvantable de bêtes de foires. Mais les journalistes... se basent toujours sur les propos et les ressentis de personnes trans. C'est nous qui donnons cette image. Ils n'inventent rien et ils demandent toujours l'accord. Ils sont validés, ces articles, ces reportages, ces documentaires, par des concernés.
Ils devraient demander aux militants, plutôt? Ceux qui passent leur temps à se taper dessus avec une violence inouïe pour une question de terminologie, de définition? Ceux qui se battent parce que la biphobie existe, ou pas? Ceux qui se battent parce que les personnes asexuelles et aromantiques font partie de la communauté LGBT, ou pas? Ceux qui jettent en pâture quiconque aura commis une maladresse, un soir, en état d'ivresse?
C'est lourd d'être trans.
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