Accéder au contenu principal

La peur de la solitude

 Quiconque me connaît sait que j'ai toujours aimé la solitude. J'ai besoin de longs moments au calme, seule avec mes pensée. Mais il ne faut pas abuser. Trop de solitude me rend dingue.

Je parle de solitude au sens large, mais c'est d'autant plus vrai pour les relations sentimentales.

J'ai très longtemps été seule. Première copine à 25 ans et par la suite, ça n'a jamais duré plus de deux ans. Ma dernière relation date de 2016 et avant ça, il fallait remonter à 2012. A croire que je n'ai jamais VRAIMENT été intéressée. Chaque fois, je me lançais à corps perdu dans des relations qui ne pouvaient pas durer. Comme si je le faisais exprès, de façon plus ou moins consciente. Et cela engendrait beaucoup de souffrances, d'un côté comme de l'autre. Raison pour laquelle j'ai arrêté les frais pour prendre du recul.

Aujourd'hui, je me dis que je n'étais pas dans le bon "rôle social". "L'homme", ça ne me convenait pas. Alors, ça ne pouvait pas marcher.

N'empêche que je reste hantée par de nombreux souvenirs extrêmement agréables, et que je me dis aujourd'hui que ça n'arrivera plus. Que désormais, dans le bon rôle social, je suis destinée à la solitude.

Parce qu'objectivement, il y a beaucoup moins de personnes susceptibles d'être sincèrement attirées par des personnes trans. Parce qu'objectivement, j'ai toujours évolué auprès de personnes cis het. Parce que ma transphobie intégrée m'empêche d'imaginer que je suis aimable. Désirable, oui, sans doute: il y a une catégorie "shemale" sur pornhub....... 

Pour ne rien arranger, il m'est devenu compliqué d'éprouver une attirance pour quelqu'un. Là aussi, ça peut sembler paradoxal. Pourquoi je souffre de manque alors que je n'ai quasiment plus aucune envie? Il faut croire que l'un n'empêche pas l'autre. La disparition de ma libido n'aide pas. La situation sanitaire non plus.


Alors oui, je déprime. Quand je papote avec une personne qui me plaît, ce qui reste rare. Parce que je me dis que non. Ca va pas lui plaire, ce qu'il y a derrière mon masque. Et quel merdier j'ai à offrir?...

Surtout, je déprime quand quelque chose me rappelle mes précédentes relations, ce qui est beaucoup plus fréquent. Parce que ces moments me manquent, mais qu'ils sont définitivement au passé. Et que j'ai un mal de chien à m'imaginer, dans ce nouveau rôle, avec ce corps qui change, avec une autre personne.

Je n'arrive absolument pas à me projeter, et c'est douloureux, parce que j'ai besoin de me sentir aimée, j'ai besoin de soutien et j'ai en même temps besoin de me sentir moi-même avec l'être aimé. Mais c'est quoi "moi-même" exactement? Et qu'est-ce que j'attends exactement de l'être aimé?...

"Chaque pot a son couvercle", me répond toujours mon psy, modestement payé par l'Etat pour balancer de telles banalités. Mais je ne sais même exactement pas si je suis plutôt pot ou plutôt couvercle.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Dilemme

Je suis en pleine dysphorie. Les choses continuent à bouger dans mon crâne, et ce n'est pas très agréable, aujourd'hui. A la demande de ma nouvelle toubib, j'essaie de me projeter. Et il y a conflit. Ce qui est à l'origine de ce malaise. Voilà l'équation que je dois résoudre: Le but de ma transition est de me sentir mieux, plus en adéquation avec ce que je suis au fond de moi. De ce point de vue, j'avance. Sauf que plus j'avance, et moins je me sens bien. Pourquoi? Parce que je ne me sens absolument pas en sécurité dans un corps "hybride". Or, à moins de faire machine arrière toute, ce corps restera "hybride". J'ai toujours été "pudique". J'ai toujours détesté montrer mon corps, ce qui m'a valu des moqueries, ou au mieux des remarques. Même un short, pour moi, c'était problématique. Même avec mes ex. Aujourd'hui, c'est 100 fois pire. Autant, avant, j'avais un corps que JE ne pouvais pas voir, m...

Une semaine avant le début du dernier chapitre

 La pression monte sérieusement. J'ai des flashs d'angoisse, de temps en temps. Dans une semaine, je serai à l'hôpital à Lille. Sur un lit trop petit, dans une chambre encombrée. Mes affaires seront pour l'essentiel dans mon sac de badminton, lui-même rangé dans un placard. Des infirmiers, des aides-soignants viendront me voir, me donner des consignes, des médicaments... Je serai en train de focaliser mon attention sur mon téléphone, mes réseaux sociaux. Parce que le lendemain matin, il faudra que je me rende, à pied, au bloc, que je m'installe sur la table d'opération. On va me mettre une perf sur le dos de la main, diffuser de la musique que j'aurai choisie, probablement du Katie Melua, ou du Björk. Ce serait cool de sombrer dans le néant sur du Björk. Et puis, je vais perdre connaissance. Anesthésiée. Le réveil sera pénible, comme il l'est toujours. Je serai dans une salle de réveil, avec d'autres personnes dans le même coltard que moi. Pas de fen...

"It's a wonderful life" ou ma vaginoplastie (3)

Dimanche. C'est le jour du seigneur. Je me montre particulièrement agitée toute la nuit. La bougeotte. Cette foutue sonde commence à me rendre dingue. Bien sûr, pas moyen de dormir, alors vers 2h30, je reprends mon petit cahier pour tenter de m'apaiser: "C'est fait. On m'a présenté le J2 ou le J3 comme une épreuve pour le moral, et ça va. J'ai vu l'absence à de multiples reprises et je n'ai rien ressenti de négatif. Je vois le sang, les fils, je cohabite avec une sonde et ça va. La douleur devient supportable. C'est surtout une gêne depuis quelques heures. Je n'ai plus de perfusion. Les produits passent par ma bouche. J'ai refusé de voir la nouvelle forme de mon sexe. Trop tôt. Trop tuméfié. Mais je me projette déjà. Je m'imagine la main dessus, ou autre chose. Je m'imagine dans diverses tenues. Sans ce "bulge". Mon esprit s'adapte à ma nouvelle forme. J'ai hâte de revenir au badminton. J'ai encore peur de la su...