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Pandémie et transition

Je n'ai plus écrit ici depuis longtemps. Nous sommes bientôt en juin et depuis février, chacun doit protéger sa santé.

Mon traitement hormonal n'a pas été interrompu, mais il n'a pas non plus été revu, comme convenu. Celui que je prends présente des risques importants et n'est pas le plus efficace. Le pire, c'est le risque de méningiome, mais il y a aussi la disparition quasi totale de la libido (que j'ai remarquée il y a déjà longtemps) et la dépression qui doit avoir un lien avec le point précédent. L'inconvénient c'est que pour la libido, je sais, intellectuellement, que c'est un problème, mais émotionnellement, je m'en fous. C'est juste une envie et donc des frustrations, mais aussi des plaisirs en moins. C'est aussi confortable que le néant.

J'ai pu revoir ma toubib à qui j'avais donné 35 pages de données sur les hormones pour qu'elle me trouve une meilleure option, mais... elle n'a pas eu le temps de s'y pencher. Je dois la revoir dans un mois, en espérant que d'ici là, elle aura bien étudié la question.

Pour tout le reste, ce sera court et très simple: c'est en stand by. J'ai un rendez-vous en juillet pour toute la partie "chirurgie" et suivi psychologique dédié. Ils m'avaient, apparemment, un peu oubliée.

Pour la dermato, je n'ai pas encore repris de rendez-vous, j'imagine que cela devrait être possible, désormais. Parce que l'épilation laser du visage, avec un masque...

Quant à l'orthophonie, il faudra probablement attendre novembre pour attaquer véritablement la rééducation. Mon enthousiasme s'est bien refroidi.

Par rapport à d'autres, je ne le vis pas trop mal. J'ai d'autres priorités plus urgentes. Mon double jeu me le permet. Comme je l'ai déjà dit, l'aspect social n'est que secondaire pour moi. Qu'on continue à m'appeler "monsieur" ne m'affecte pas plus que ça, pour le moment. Limite, ça m'arrange. Les privilèges, tout ça. Mais ça reste frustrant. Mon miroir me renvoie une image déjà plus plaisante, d'autant que j'ai énormément expérimenté durant cette longue période où on avait l'obligation de ne pas se croiser, mais... il y a encore tant d'éléments qui me font soupirer, détourner le regard, me dire que jamais je n'aurai totalement l'apparence d'une femme, que je ne suis qu'une imposture... Et j'ai 40 ans, je ne rajeunis pas. J'aimerais un peu profiter de ce corps vieillissant avant de faire partie de ceux qu'on ne regarde plus sans penser à l'imminence de la mort, de la maladie.

J'espère donc pouvoir avancer un peu, cette année maudite. Mais ce n'est pas gagné du tout.

En parallèle, mes parents comptent me faire un énorme cadeau, qui me gêne profondément. Surtout parce que je leur cache, encore, cette réalité. J'ai l'impression de les arnaquer. Il va donc, peut-être, falloir que je leur fasse mon "coming out". Histoire de clarifier les choses. Franchir le Rubicon. Alea jacta est. Ou pas. Mais je le vivrais encore plus mal.

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