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Articles

Affichage des articles du janvier, 2020

Manifeste d'une femme trans, de Julia Serano

Lors d'une énième crise de doute et d'angoisse à propos de ma transidentité, on m'a suggéré de lire ce livre. Lorsque je l'ai reçu on m'a même dit qu'il devrait figurer dans le "starter pack" de toute transition. Et je confirme à 100%. J'avais un peu peur de tomber sur le récit tragique d'une femme trans, plus ou moins romancé, ou sur une sorte de manuel militant rempli de points d'exclamations et de concepts plus ou moins polémiques. Peur totalement infondée: il s'agit du récit explicatif d'une femme bien dans ses pompes, droit dans ses bottes, parfaitement lucide et apaisée à la fois sur la société et sur la place qu'elle y tient. Dès les premières pages, j'ai été frappée par cette lucidité: elle parle de notre société sous le prisme de son expérience trans. Ca me fait penser, un peu, aux Lettres Persanes de Montesquieu: un étranger issu d'une culture totalement différente de la nôtre qui porte un regard neu...

Sexisme, transphobie et médias

Nous baignons tous dans le sexisme et la transphobie (qui sont indissociables) depuis toujours, parce que c'est notre système de pensée. C'est notre socle de pensée: chaque individu doit entrer dans de trop petites cases, l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes, avec une supériorité fantasmée de l'homme sur la femme et donc une domination. C'est le sexisme. Tout ce qui ne rentre pas dans ces cases remet en question le sexisme, la domination masculine, et doit donc être réprimé, voire éliminé. C'est la transphobie/homophobie etc Quand une femme a le malheur de sortir de la case qui lui a été attribuée, elle est moquée, agressée, tuée. Idem pour un homme, et ça peut même être pire. Le problème c'est que ces cases n'ont pas d'existence réelle. Les humains sont bien trop différents pour rentrer dans ces petites cases. Au niveau biologique comme au niveau psychologique. Il y a bien trop d'exceptions à la règle pour qu'elle soit val...

Les statistiques qui font mal

Je viens de regarder cette vidéo, particulièrement intéressante et respectueuse. Néanmoins, y sont évoqués les deux statistiques qui me terrifient. 85% des personnes transgenres déclarent avoir été victimes au moins une fois d'agressions. Au moins 50% des personnes transgenres... se suicident. Le but de ma transition est de me sentir mieux. Or, dans ce contexte, j'ai beaucoup de mal à m'imaginer comment ce serait possible. Pour le moment, je suis épargnée. Je n'ai pas à me plaindre. Mais c'est parce que je continue à cacher ma transidentité, qui se voit néanmoins de plus en plus. J'ai peur des toubibs. J'ai mal au dos, mais je m'imagine très mal consulter un kiné. J'ai peur dans la rue. J'ai peur de finir seule. Et ces chiffres confortent ces angoisses, qui me bouffent. Non, ces angoisses n'ont malheureusement rien d'irrationnel. Mon psy me demande souvent si ma vie d'avant me convenait. Non. Dépressions, angoisses...

Cercle vicieux du mal-être

Depuis une bonne quinzaine d'années, je suis crevée en permanence. Les médicaments jouent un rôle dans cette fatigue, c'est une certitude, mais si je ne les prends pas c'est encore pire. Ces médicaments ont pour fonction d'apaiser mes angoisses, par le passé, ils traitaient également ma dépression. Depuis quelques années, je ne suis plus capable de dire si je suis dépressive ou pas; et ce pour une raison très simple: je l'ai été tellement longtemps que je ne sais plus à quoi ressemble un état "non dépressif". Je peux identifier ce que j'appelle les "pics de dépression", quand je perds le contrôle, ma lucidité, que mes angoisses explosent, que j'ai une envie persistante de crever... Mais il est possible que ce que je considère comme "mon état normal" soit en réalité un état dépressif. Parce que mon état normal, c'est cette fatigue, ce besoin de m'isoler, cette absence d'envie, d'énergie, ce qui correspond assez b...