J'ai revu mon psy habituel. J'ai pleuré pour la première fois dans son cabinet. Mais j'ai surtout avancé.
Je vais manifestement mieux. Quelque chose a bougé, comme je l'avais pressenti. Mon comportement a changé, de façon sensible. La souffrance est passée, ce qui me semble assez étrange vu que... rien ne s'est amélioré.
Flash back. Depuis quelques années, j'utilise la métaphore du barrage pour parler de mes blocages. Et je parle de plusieurs barrages. Le premier est celui qui bloque mes émotions, il est dû à mon stress post-traumatique. Cependant, il ne bloque pas toujours toutes mes émotions et il va falloir que je creuse ça. Le second barrage, je l'ai consciemment construit, de façon très progressive. Il permet de bloquer... mes angoisses dues en très grande partie au premier barrage. Angoisses qui m'ont bien pourri la vie pendant d'interminables années. Et... il y a, évidemment, le troisième barrage, celui qui bloque ma féminité. Par peur d'être ridicule, moquée, voire agressée. L'injonction à être viril quand on est né avec un service trois pièces entre les jambes, tout ça, tout ça.
Hé bien je me rend compte aujourd'hui que ces trois barrages... n'en forment en réalité qu'un seul. Ils sont liés. Si l'un se fissure, les trois se fissurent.
Et c'est ce qui s'est produit. Une fissure sans doute assez légère, encore, mais je me suis en partie reconnectée, le 25 mars, avec mes émotions. Et aussi avec ma féminité.
Avant de me rendre au rdv avec ce nouveau psy, j'avais eu peur de me genrer à l'oral au féminin. Parce que j'avais peur de faire péter ce barrage. De ne plus pouvoir revenir en arrière. Et donc... d'être ridicule. Angoisse...
Autrement dit, non seulement tout est lié mais surtout cela signifie que mon stress post traumatique ne serait pas à l'origine de ma transidentité: il serait plutôt à l'origine du blocage de ma transidentité. Il m'empêcherait d'être moi-même, c'est-à-dire une femme.
Et en réalité, il se trouve que si j'ai toujours lié ma transidentité à mon agression, c'est parce que c'est terriblement déculpabilisant. "Oui, je suis trans mais c'est à cause de la pourriture qui m'a violée! C'est lui qu'il faut rejeter! C'est lui le coupable! Moi je suis une malheureuse victime!" Beaucoup plus confortable que l'inverse... mais erroné.
Non, il ne m'a pas transformée en femme. Il y avait déjà des prémices quand c'est arrivé.
Et exfiltrer ma féminité pourrait m'aider à vaincre mon stress post traumatique.
Bref, je me sens plus femme.
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