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Pourquoi je n'utilise pas l'écriture inclusive

Je ne vais pas me faire des amis, encore. Mais le but de ce blog est de donner mon ressenti, mon expérience et mon avis, qui peut évoluer, évidemment.

Alors pourquoi?
Déjà, comme je l'ai dit dans un précédent post: le langage ne se décrète pas. Si on se retrouve sur une île déserte, seul, on peut inventer son propre langage, l'utiliser et le faire évoluer comme on veut. Mais si d'autres personnes arrivent... il faut se mettre d'accord ensemble. Ce qui en général, se fait naturellement. Donc on peut utiliser l'écriture inclusive, comme le langage sms, comme n'importe quel langage sans aucun souci. Mais je ne pense pas que ce soit la bonne méthode pour l'imposer, et surtout pour nous faire une place dans la société.
A mon avis, ce n'est pas la bonne méthode. Il faut d'abord changer notre image (désastreuse et totalement à côté de la plaque) dans cette société avant d'envisager de modifier le langage... pour la toute petite minorité que nous sommes et resterons. Parce que changer les habitudes d'autant de gens de façon brutale pour une petite minorité qui a une mauvaise image... ça passe mal.
D'ailleurs, quand l'Académie essaie de réformer l'orthographe, généralement pour la simplifier et avec des arguments solides, ça coince déjà... La preuve: j'écris toujours nénuphar et pas nénufar.

Mais du coup, ça ne m'empêche pas de l'utiliser, me répondrez-vous. Totalement. Sauf que j'en suis pas fan. D'un point de vue esthétique et d'un point de vue complications. On a déjà une des langues les plus compliquées au monde, si on en rajoute... merci! Je serais plutôt pour un système à l'anglaise: avec un genre neutre. Je trouve ça con qu'une chaise soit féminine et que mon cul soit masculin. Et oui je trouve ça très compliqué "iel est venu.e à la maison".

Autre point: je bosse dans l'écrit et surveiller ma maîtrise de la syntaxe est limite un toc chez moi (même si bien sûr, je fais quand même des fautes, ce qui m'irrite au plus haut point quand je les remarque). Et donc j'ai obligation d'utiliser le langage officiel, celui qui fait consensus et de continuer à m'entraîner en permanence, parce que vu que le français est compliqué, on perd vite... Et donc même le langage sms, je ne l'ai jamais utilisé (sauf parfois pour gagner un peu de place sur Twitter, sur un mot ou deux).

Tout cela ne m'empêche pas de penser que le langage est à l'image de notre société: binaire, exclusif et que c'est bien dommage pour nous. C'est douloureux de toujours devoir rentrer dans une case ou dans l'autre, c'est une pression inutile et omniprésente. Mais voilà, nous sommes des exceptions, pas la majorité (et heureusement... je ne souhaite la dysphorie et la transition à personne) donc c'est à nous de montrer qu'on ne se limite pas à l'adjectif "trans" et que la majorité d'entre nous ne colle pas avec l'image dégueulasse associée à cet adjectif pour bien trop de gens. Pour faire évoluer les connaissances et mentalités. Visibles et positifs. Quand ce sera le cas, on s'en foutra du langage.

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