Pendant environ 25 ans, j'avais réussi à la canaliser, me réfugiant dans un malconfort morbide, mais relativement équilibré. Depuis quelques semaines, elle me revient en pleine gueule et je comprends ce que m'avait dit la psychothérapeute. "Quand ça arrivera, il faudra que vous soyez accompagnée."
Oui, parce que ce conflit, il est ultra violent. J'imagine que quand, contrairement à moi, on ne la met pas sous le tapis, on l'accepte, tout de suite, ça doit être douloureux. Mais là, il y a une partie de moi qui me hurle "Mais p...! T'as déjà perdu 25 ans! Fonce!" et une autre partie qui me hurle "Ho mais doucement! Vas y petit à petit, étape par étape! De toute façon, t'as un corps de mec! Tu vas être ridicule si tu grilles les étapes!"
Je ne me sens légitime dans un aucun genre. Et c'est assez abominable. Mon psychologue me répète que je me prends la tête pour rien, qu'il me suffit de faire ce dont j'ai envie. Mais j'ai envie de quoi?
Le problème, c'est pas l'apparence. Je m'en foutrais de porter un jean et des fringues "de mec", si j'avais un corps de femme. Ce n'est même pas une question de reconnaissance, même si bien sûr ça entre en ligne de compte. Si tout le monde se mettait à me donner du madame ou du mademoiselle, ça ne résoudrait pas le problème. Le fait est que quoi que je fasse, j'ai l'impression d'être déguisée. Même quand je suis à poil.
Et dire que ça me met mal à l'aise, serait une litote.
On me dit de prendre mon mal en patience, de trouver un moyen, en gros, d'apprécier ma situation, ou du moins de m'adapter. Sauf que si c'était possible, ce ne serait pas vraiment de la dysphorie.
Là, je me sens coincée, prisonnière. Quoi que je fasse, ça ne va pas. J'ai mal au crâne tellement je suis tendue. Je rêve tous les soirs d'un bon gros massage pour dissiper toutes ces tensions.
Mais d'après mon psychiatre, qui ne parlait que du volet "agression sexuelle", je m'en tire vachement bien. En général, les gens dans ma situation sont totalement dévastés. Et c'est vrai que je reste malgré tout lucide et combattive. Et puis surtout, je sais que tout ça finira par passer. C'est avant tout une question de temps.
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